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  4.  | L’or, une envolée spectaculaire du métal jaune

Les cours de l’or n’en finissent plus de monter, affichant une progression d’environ 50% cette année, après avoir gagné 30% l’an dernier. L’once d’or vient de dépasser les 4000 dollars, un record historique. Une once représente 31.1 grammes, ce qui fait tout de même plus de 128 dollars pour un petit gramme de métal précieux.
Mais pourquoi cet engouement ? Les raisons sont multiples, à commencer par un rattrapage après plus de 3 ans de quasi surplace, entre mi 2020 et fin 2023. Car oui, il arrive que les cours de l’or ne montent pas, voire baissent nettement, et cela pendant d’assez longues périodes. Mais nous y reviendrons.

Arnaud Tourlet

Les moteurs de la hausse : géopolitique et banques centrales

En dehors de cet effet de rattrapage, la notion de « valeur refuge » est bien sûr la principale raison venant à l’esprit. Les nombreuses tensions géopolitiques n’y sont pas étranges, inutile de les énumérer ici. Mais il faut se méfier des conclusions hâtives : par exemple, entre le début de la guerre en Ukraine, fin févier 2022, et le mois d’octobre 2022 (donc sur une période de 8 mois), les cours de l’or avaient perdu 16%.
Toujours est-il que l’accélération de la hausse de l’or coïncide assez bien avec la prise de pouvoir de Donald Trump en début d’année. Et c’est assez logique : le caractère imprévisible du président américain, mais aussi et surtout son attitude agressive vis-à-vis de ses partenaires commerciaux provoque à la fois une réelle défiance vis-à-vis de la première puissance mondiale, et une envie de diversifier ses avoirs en dehors des obligations d’État américaines et du dollar. Et ce d’autant plus que Donald Trump avait clairement expliqué vouloir faire baisser le dollar contre les autres grandes devises, ce qui s’est matérialisé cette année.
Dans une certaine mesure, on peut donc dire que depuis le début de l’année, les achats massifs d’or se sont faits au détriment des réserves en dollars.
Dans ce contexte, les banques centrales étrangères (et notamment celles des pays émergents) ont donc massivement renforcé leurs réserves en or au cours de ces 12 derniers mois, et même de ces 3 dernières années : selon une étude du Central Bank Gold Reserves 2025, les banques centrales ont accumulé 1 000 tonnes d’or par an ces trois dernières années, soit deux fois plus qu’il y a dix ans (entre 400 et 500 tonnes). Une hausse considérable, qui porte le total de l’or détenu par les banques centrales à 36 000 tonnes, proche du record à 38 000 tonnes atteint en 1965 pendant les accords de Bretton-Woods.
Et la même étude souligne que cela pourrait continuer puisque plus de 40% des banques centrales interrogées estiment que leurs propres réserves en or vont augmenter. Pas sûr que cela suffise pour faire monter les prix, dans la mesure où les investisseurs traditionnels, particuliers ou institutionnels, pourraient eux commencer à prendre leurs bénéfices.

L’or, un placement refuge… mais pas sans risques

Mais revenons sur quelques éléments fondamentaux de ce marché de l’or.

  1. En tant que placement, rappelons que l’or ne verse aucun rendement : pas de dividende, ni de coupon. Par conséquent, il est moins pénalisant de détenir de l’or quand les taux sont très bas, ce qui fut le cas entre 2019 et 2021. À l’inverse, quand les taux remontent (2022-2023), détenir des obligations peut redevenir plus intéressant. Et aujourd’hui, le métal précieux est sans aucun doute soutenu par les perspectives de baisses de taux de la banque centrale américaine.

  2. Et si l’on décide d’investir dans le métal jaune, reste à savoir comment ! En bref, il est possible d’acheter des pièces ou des lingots (et de les stocker dans un coffre à la banque par exemple), ou bien d’investir sur des fonds indiciels qui tentent de répliquer au mieux l’évolution des prix de l’once d’or. Une troisième voie est possible : acheter des actions de sociétés minières aurifères, mais en gardant bien à l’esprit que leurs cours ont tendance en moyenne à amplifier les mouvements des prix de l’or.

  3. En termes d’offre : la production d’or dans le monde progresse assez lentement (environ +45% sur les 20 dernières années, soit moins de 2% par an), avec très peu de nouveaux gisements, des difficultés d’extraction grandissantes et des contraintes environnementales toujours plus strictes.

  4. Quant à la demande, elle est également assez stable : en dehors de l’investissement purement financier, elle provient environ à 50-50 des besoins industriels d’une part et du secteur de la bijouterie/joaillerie d’autre part.

  5. On comprend donc que c’est la balance offre/demande en matière de placements financiers qui explique en grande partie l’évolution des prix. Et voilà donc la raison de la volatilité des cours de l’or. Car il ne faut pas l’oublier, l’or reste un placement risqué et volatil. Certes, sur le long terme, les prix montent : environ 11% par an en moyenne sur les 20 dernières années, soit un niveau très proche de la hausse des actions mondiales sur cette période. Mais il arrive aussi que ces prix stagnent ou baissent, et cela pendant plusieurs années :

 

• Après une envolée dans les années 70 (chocs pétroliers, forte inflation et grande instabilité économique), décennie pendant laquelle l’once d’or est passée de 50$ à plus de 700$, les cours de l’or ont baissé pendant les 20 années suivantes, passant sous la barre des 300$ en 1999-2001 !
• Après une nouvelle période d’euphorie entre 2000 et 2011 (de 300$ l’once à plus de 1800$), les prix chutent à près de 1000$ entre 2011 et 2015 ! Et sur les 12 années 2011-2023, l’once d’or enregistre une performance nulle ! Ce n’est donc que depuis début 2024 que le métal précieux a repris sa marche en avant, avec un quasi doublement, de 2000$ l’once à près de 4000$ aujourd’hui.

En conclusion, s’il peut être intéressant d’avoir un peu d’or dans son patrimoine, pour son caractère défensif et « refuge » en période de crise, il ne faut donc pas oublier que cela reste un placement risqué, et dont les cours peuvent traverser de longues périodes de stagnation voire de baisse.

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